PRESSE Lauak garde la tête sur les épaules

 

Le groupe de 1 700 salariés, implanté au Pays basque, compte des unités de production au Portugal, Mexique, Canada et en Inde. Son directeur général, Mikel Charritton, parle développement, souplesse et ADN ;

Qu’est-ce l’agilité en entreprise ? Non figée dans ses processus, cette société est capable de s’adapter rapidement aux changements imprévus (de façon réactive) et aux nouvelles tendances (de façon proactive) qui se dessinent dans son secteur tout en conservant une continuité stratégique, opérationnelle et humaine. Agilité est justement le mot ressassé à l’envipar Mikel Charritton, directeur de Lauak. Fondée en 1975, à Ayherre, Eskulanak, devenu le groupe Lauak, a grandi au gré des créations et acquisitions. Il est aujourd’hui l’un des principaux sous-traitants de réalisations de pièces primaires, de sous-ensembles et ensembles pour l’industrie aéronautique. La société, qui compte 1 700 salariés, a conservé son siège social au Pays basque, à Hasparren, où elle possède trois de ses six sites français de production avec L’Isle-Jourdain (32), Saint Germé (32) et Tarbes (65) adossés à ceux implantés à l’international, Setúbal et Grandola au Portugal, Mirabel au Canada, El Marqués Querétaro au Mexique et Bangalore dans le sud de l’Inde.

Pas facile d’exister « éclaté » sur 10 sites (90 000 mètres carrés de bâtiments couverts) ? Mikel Charritton parle « taille minimum des sites, autonomie et ADN partagé » : « Après, c’est du management. Nos services sont centralisés : finances, ressources humaines, système d’information, achats et commerce. Il faut un équilibre bien dosé entre le central fort et le local agile. » Il glisse alors le premier slogan de Lauak : « La force d’un groupe, la souplesse d’une PME », avant d’évoquer les deux raisons essentielles des acquisitions : « Nous souhaitions être acteurs de la consolidation de la filière avec l’objectif d’atteindre une taille critique, à savoir 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, afin de rentrer dans le rang 1. La deuxième raison portait sur la diversification des zones géographiques, des métiers et des clients. Dans l’aéronautique, le plus difficile est de se faire référencer. Aujourd’hui, il ne nous manque que Boeing ! » D’où le second slogan de Lauak : « Partenaire long-courrier des grands donneurs d’ordres aéronautiques. »

Du confinement à la montée en puissance Pour autant, le président de Lauak n’oublie pas d’évoquer le récent confinement : les avions cloués au sol, l’absence de visibilité quant à la reprise du trafic aérien et l’instauration d’un plan de sauvegarde de l’emploi. « La période difficile a duré quinze mois, à partir de mars 2020. En juin 2021, Airbus a republié ses capacités de cadence avec des augmentations de cadences. Depuis, nous sommes en période de “ramp up” (montée en puissance). Nous allons clôturer 2023 avec un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros. L’entreprise, 100 % familiale, n’a pas fait appel à des fonds d’investissement pour se développer, comme l’ont fait beaucoup de nos confrères. Nous avons le soutien de nos partenaires financiers pour continuer à croître. Modérément endettés, nous avons souscrit un PGE (plan garanti par l’État) pendant le Covid. Nous sommes assis sur des bases solides. »

Lauak vient de créer son centre de formation interne, au siège d’Hasparren

« Notre idée est de continuer à grandir par croissances interne et externe, avec un objectif de + 20 % de chiffre d’affaires en 2024, couvrant le désendettement. Lors du second semestre, nous allons certainement réfléchir à des acquisitions. Oui, il y a de la croissance, mais il faut garder de l’agilité, de la souplesse, disons d’une manière générale dans la prise de décisions, et de la réactivité afin de répondre à la demande de nos clients. »

« Au Pays basque, c’est le plein-emploi » Baptisée Lauak 4.0, l’entreprise attaque sa nouvelle étape d’évolution, la partie usine du futur. L’idée est d’établir une stratégie de transformation digitale (robot, cobot, IA…) au regard de ses savoir-faire et de la complexité de ses métiers très manuels : tôlerie-chaudronnerie, formage à chaud, usinage, tuyauterie, mécano-soudure, assemblage structures, tôlerie industrielle, innovation, recherche et développement dans les matériaux composites et thermoplastiques. L’objectif affiché est clair, améliorer la productivité et la compétitivité. Aussi Lauak vient-il de créer son centre de formation interne, au siège d’Hasparren. « Nos besoins en termes de recrutement depuis 2021 sont de l’ordre de 150 à 200 personnes par an, sachant que nous avons un peu épuisé le marché au Pays basque, où c’est le plein-emploi, comme c’est le cas au Portugal et au Canada. Nous disposons de nos propres formateurs (salariés du groupe ou anciens partis à la retraite), 66 personnes ont déjà été formées en 2024. Trois métiers, de niche, sont concernés : soudure, chaudronnerie et montage. Ce centre est un facteur clé de différenciation, un pari sur l’avenir. »

Sud Ouest, le 27 Février 2024

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